Histoire des bijoux créoles

Au commencement des Kalinagos ....

Sur le continent et dans les îles, les Kalinagos vivent au contact de la nature, dans un environnement forestier traversé par les cours d’eau, ruisseaux, rivières et fleuves. Ils sont maîtres d’un espace terrestre céleste et maritime. Ils portent à leur apparence un soin attentif. Ils ont leurs rituels, leurs produits et outils de soins. Ils ont leurs critères de beauté. Ils vivent nu et prennent soin de leur corps qu’ils ornent, parent et transforment.

Pour se distinguer, ils arborent des coiffes et bijoux au quotidien comme dans les grandes occasions. “Guanines, Caracolis” désignent à la fois les alliages (Cuivre et Or) et les bijoux présents dans leur univers.

Les ornements indiquent leur rang et leur valeur. Les “orejas, narigueras labiales” et pendentifs sont vénérés comme l’Or des dieux, parce que symbolisant les propriétés négatives (le Cuivre) et positives (l’Or) du cycle vital, la fertilité des êtres et la perpétuation de la vie.

Les Kalinagos obtiennent leur Caracolis à la suite de marchandages et d’échanges avec les Arawaks lesquels taisent leurs origines et disent les obtenir des Dieux.

À leur mort, leurs bijoux sont soit mis en terre avec les défunts, ou transmis de générations en générations, de pères en fils, d’alliés en alliés, ou d’ennemis en ennemis... La vie des ornements sacrés, flamboyants, s’accrochent aux êtres nus. Jusqu’au jour où arrivèrent dans les caravelles emportées par les vents, des espagnols caparaçonnés, mystifiés, enfiévrés, égarés, à la recherche du précieux métal qui rend fou : l’Or. Les ornements prennent alors une autre valeur.

La marque Créolissime vous offre une fenêtre sur l’histoire du bijou créole, vous permet de transmettre et de faire perdurer cette culture du bijou, aujourd'hui porté et offert pour les raisons que l’on veut ! L’amour du beau, le plaisir de porter de l’Or, de l’Argent.

Histoire des bijoux créoles

Au 17ème siècle, on s’habille selon un code strict, qui tient compte des castes ; aux Antilles il y a les colons libres, les engagés, les marins et plus tard les régiments des îles, les affranchis et les esclaves.

La tradition veut que les esclaves n’aient pas le droit aux bijoux précieux. Ceux de la première moitié du 17ème siècle ne portent pas d’Or. Mais dès la deuxième moitié du 17ème siècle, les colons leur ont donné un morceau de terre à défricher qu’ils peuvent cultiver et exploiter à leur guise.

Le dimanche, ils ont l’autorisation de porter au marché du bourg les produits de leur « jardin ». C’est grâce à ce commerce que les esclaves ont pu amasser un pécule qui leur servit à s’acheter de l’Or, le plus souvent sous forme de bijoux.

C’est le Père Labat qui signale la présence des tous premiers bijoux en Or : boucles d’oreilles, colliers et croix.

Ils sont portés par les esclaves favorites : anneaux d’Or à la cheville, boucles d’oreilles appelées plus tard « créoles » et la chaine forçat afin que ces femmes n’oublient jamais leur véritable condition.

L'orfèvrerie créole : sources européennes et africaines

Aux Antilles, au 18ème siècle, les bijoutiers sont des gens de couleur. Sortis du pénible travail de la terre, l’artisanat sera pour les affranchis la première étape d’un changement de statut social.

Ces artisans orfèvres s’inspirèrent bien entendu de modèles européens, ceux que souhaitaient porter leur maître avec comme motifs décoratifs des fleurs des champs, feuilles de vigne, chaînes fines, fermoirs ciselés.

Mais l’artisan créole a puisé des formes nouvelles dans la tradition africaine, où existait un puissant art décoratif avec des adaptations locales comme la parure « chenille », « nid d’abeilles », « fagot de canne », « boutons à clous », « pomme cannelle »...

Le bijou créole est en règle générale plutôt imposant. Sa dimension oblige les artisans à les confectionner en feuilles d’Or assez minces travaillées en superpositions.

Ils jouent sur les diverses teintes de l’Or : jaune, vert, rouge et sur les possibilités de la matière : en til, en boules, en plaques superposées en étage.

Les plaques superposées ont permis notamment la création de beaux bijoux à étages qui, aux Antilles ont pris le nom de « nid d’abeille », « tété-négresse », « pomme cannelle » etc...

Les torsades d’Or, très généralisées en Afrique arabe et noire occidentale se retrouve aux Antilles sous formes de « créoles à torsade », « parure à la pierre noire », « chenille », « épingle tremblante »...

Une femme créole ne se contente jamais d’un seul collier. La coutume veut qu’elle en porte plusieurs, d’une manière qui peut paraitre ostentatoire, mais le bijou a longtemps été considéré comme un signe d’une certaine réussite sociale.

Cette profusion d’Or s’accordait parfaitement aux costumes créoles traditionnels de couleurs vives. Les bijoux ajoutaient de l’éclat à celui des grandes robes et foulards de l’époque.*

Maille forçat

Très utilisée en bijouterie, la maille forçat est sans doute la symbolique la plus forte du savoir-faire de la bijouterie créole. Composée de maillons ovales, lisses ou striés, emboîtés les uns aux autres, elle s'inspire des chaînes utilisées autrefois pour attacher les esclaves et les prisonniers. Durant l’esclavage, le collier forçat était offert par le maître à ses favorites.

Aujourd’hui, la maille forçat se décline en collier, en bracelet et parfois même en boucles d’oreilles, agrémentée d’un pendentif et est synonyme d’attachement dans la culture Antillo-Guyannaise.

Collier grain d'Or

D’origine Guadeloupéenne, le collier grain d’Or composé de perles d’Or en enfilade s’inspire du classique collier de perles.

Interdit aux esclaves, on pense que les bijoutiers se sont inspirés du collier de perle pour sa création. Porté en accumulation, il était synonyme de richesse pour ceux qui le portaient.

Tété négresse

Monté en pendentif ou en boucles d'oreilles, cet ornement de pure tradition créole doit son nom à l'image du sein de la femme noire droit et pointus.

Il est constitué d’un cercle de grains d’Or à l’intérieur duquel est monté en superposition une série de petites fleurs se terminant par un grain chou au sommet.

Maille corde

Grand classique de la bijouterie créole, cette chaîne très technique dans sa réalisation, est composée de fils d’Or torsadés faisant penser à une corde. Très répandue dans la culture créole, elle se porte en collier mais aussi en bracelet.

Collier chou

Au 19ème siècle, les « Dâs » ou « Bonnes d’enfants » recevaient des grains d’Or des enfants qu’elles avaient élevés. Lorsqu’elles obtenaient suffisamment de grains d’Or, elles les faisaient monter en collier. Plus il était long, plus il témoignait des années de travail. C’était aussi leur seul signe extérieur de richesse.

Originaire de la Martinique, le collier chou est fait de grains d’Or ayant la forme de petits choux.

L' hibiscus

C'est sans doute la fleur la plus emblématique et populaire de nos territoires, reconnaissable grâce à ses larges feuilles aux couleurs chatoyantes et son long pistil.

Elle est aussi une source d’inspiration dans la bijouterie créole puisqu’on la retrouve en pendentif, boucle d’oreilles ou même bague.

Créoles

C’est sans doute l’un des accessoires les plus anciens de l’humanité. Les premières créoles font leur apparition vers 2500 avant JC en Nubie. On les retrouve à d’autres périodes de l’histoire mais leur essor remonte au temps de l’esclavage. Dans la 1ère moitié du 17ème siècle, les esclaves n’avaient pas le droit de porter des bijoux précieux. Les favorites, domestiques et nourrices, étaient les premières femmes à avoir le droit de les utiliser. Début 18ème, les créoles étaient réservées aux femmes affranchies. Puis avec les femmes asservies, l’anneau porté à l’oreille devient alors le symbole de la liberté et de la lutte contre l’esclavage.

Aujourd’hui, les créoles sont un signe d’émancipation, de pouvoir, de féminité et d’élégance. Elles se déclinent sous toutes les formes classiques, rondes, carrées, rectangles, en version mini ou XL, lisses ou travaillées.

Maille gros sirop

La maille gros sirop était la pièce maitresse des tenues de cérémonies. Portée par nos grands-mères principalement en sautoir ou en bracelet, elle se compose d’une succession de deux doubles mailles soudées, emboîtées les unes dans les autres .

Pomme cannelle

Inspirée par la nature et le fruit des Antilles du même nom, la pomme cannelle est composée d’un cercle d’Or à l’intérieur duquel sont montés des corolles aux pétales détachés rappelant les écailles du fruit et se terminant au sommet par un grain d’Or.

*sources : Revues Parallèles / Antilles française n°22 / Guadeloupe Martinique 1967 et Dictionnaire encyclopédique des Antilles et de la Guyane Désormeaux.